Seul joueur de l’équipe de France des moins de 20 ans à évoluer hors de la Métropole, Patrick Tuifua, né en Calédonie avant de poursuivre sa formation en Nouvelle-Zélande, a été omniprésent lors de son baptême du feu international contre l’Irlande. Il sera de nouveau titulaire, samedi, face à l’Ecosse (7 heures), lors de la deuxième journée du Tournoi des Six Nations.
Dans les rangs des Bleuets, qui disputent actuellement le Tournoi des Six Nations des moins de 20 ans, on retrouve des joueurs évoluant à Pau (4), à La Rochelle (3), à Toulon (3) ou encore à Toulouse (2). Rien d’étonnant alors que ces clubs phares du championnat de France fournissent logiquement la grande majorité des jeunes talents de l’ovalie tricolore. Mais, au milieu de ces joueurs en devenir, un « Frenchie » ne cesse de faire parler de lui depuis le début de la compétition européenne : Patrick Tuifua.
Ce dernier a fait une arrivée fracassante, tel un ovni, alors qu’il n’a jamais porté les couleurs d’un club français jusqu’à présent. Loin de l’hexagone, il s’est fait une place au pays du rugby, la Nouvelle-Zélande. Au point d’apparaître dans les radars du staff tricolore grâce à Boris Bouhraoua, le frère de l’ancien international à VII Terry Bouhraoua et ami de l’actuel sélectionneur Sébastien Calvet. « Il commentait les matches du NPC (le championnat des provinces néo-zélandaises, NDLR) et notamment ceux de Hawke’s Bay, a expliqué l’entraîneur en conférence de presse. Boris m’a signalé son nom, on a regardé ses matchs et on a très vite pris contact avec Patrick. »
Homme du match
Sur le Caillou, il est pourtant loin d’être un inconnu. Né en Nouvelle-Calédonie, ce « beau bébé », qui mesure aujourd’hui 1,91 mètre pour 113 kilos, était presque destiné à faire du rugby, dans le sillage de son père, Jean-Philippe Tuifua, ancien président de la JSL Normandie, et de son oncle Laurent Simutoga, ancien pilier du Stade Français et premier Calédonien à avoir été sélectionné dans une équipe de France. Mais, il a tracé sa route. Chez les Vikings dès l’âge de 8 ans, puis au Lindisfarne College ensuite, qu’il a intégré en 2020 après avoir été repéré lors d’un tournoi avec la sélection calédonienne des moins de 15 ans. Avant d’accepter la proposition de bourse, il a réfléchi « dix secondes », rigolait-il avant son départ dans les colonnes des Nouvelles calédoniennes.
Il a poursuivi son apprentissage du haut-niveau dans cette académie implantée à Hastings, au centre-est de l’île du Nord, avant d’intégrer les rangs tricolores. Pour combien de temps ? S’il a déjà séduit de très nombreux observateurs, en étant notamment élu homme du match lors de la défaite contre l’Irlande (57 mètres parcourus ballon en main, 18 placages), le troisième ligne aile a également quelques touches en Nouvelle-Zélande après avoir pris part à un stage avec les Baby Blacks l’an dernier.
Et le désir des Kiwis pourrait encore augmenter alors que, selon le quotidien L’Equipe, il s’entraîne régulièrement avec la franchise des Hurricanes, basée à Wellington, qui évolue en Super Rugby, la ligue professionnelle qui réunissait auparavant les meilleures équipes néo-zélandaises, australiennes et sud-africaines. Le rêve se poursuit pour Patrick Tuifua.
Claire Gaveau