Après avoir pris le départ de cinq Groupama Race en tant qu’équipier, Clément Muller, qui a acheté Maluco en août dernier, sera aux commandes de son bateau en juin prochain lors de la 8e édition de ce tour de Calédonie à la voile. Départ prévu le 9 juin.
La voile, il aurait pu tout lui donner. Clément Muller n’est pas du genre à faire les choses à moitié. Alors, lorsqu’il découvre l’univers marin, à bord des Optimist, il accroche immédiatement. Il navigue, il progresse. Que ce soit sur le lagon calédonien, mais aussi en Métropole alors qu’il a porté les couleurs de l’équipe de France, dans les catégories jeunes, pendant trois ans. Pourtant, aujourd’hui, lorsque vous lui parlez de son parcours, le Calédonien évoque « plein de frustrations et de regrets ». « Pendant trois ans, j’ai été dans le top 5 français en Optimist. Mais, lorsque j’ai dû changer et passer en Laser, la catégorie olympique, à ce moment-là, je ne grandis plus et je ne prends plus de poids. Or, au plus haut niveau, les hommes font environ 1,80 mètres et 90 kilos », souffle-t-il. Un gabarit à l’opposé du sien. « J’ai été forcé d’arrêter la voile de haut niveau à cause de ça », dit-il, encore amer, après avoir participé à un championnat d’Europe en 2008 et à un championnat du monde en 2009. Un souvenir, là encore, difficile. « Au Brésil, je me disais que je pouvais être champion du monde. Mais, finalement, pendant toute la compétition, le vent est tombé. C’était la catastrophe », raconte-t-il, le souvenir encore frais dans sa mémoire.
« Une offre à la con »
De retour sur son Caillou, qu’il ne quittait que pour les compétitions, Clément Muller est alors confronté à une discipline en manque de dynamisme. Il participe, tout de même, aux régates du mercredi avant de s’élancer dans la toute première Groupama Race, en 2008. « Je suis le plus jeune concurrent à l’avoir faite, j’avais 14 ans. Et je suis imbattable puisqu’il y a dorénavant une limite d’âge à 16 ans », sourit-il. Il a ensuite pris le départ de quatre tours de Calédonie, à chaque fois en tant que barreur, en 2010, 2012, 2016 et 2018.
Mais, cette année, une nouvelle mission l’attend. Il enfilera la casquette de skipper. Un nouveau challenge après l’achat de Maluco, en août dernier. « J’ai fait une offre à la con… Il était à l’abandon depuis cinq ans et pourri de partout. La personne en voulait deux millions et je lui ai fait une offre à 500 000 francs. Ce n’était pas un prix pour faire une bonne affaire, c’était unprix pour redonner vie au bateau et faire la Groupama Race. Quand le vendeur m’a dit oui, je me suis dit ‘’merde’’ », rigole-t-il aujourd’hui. Mais, il n’est pas du genre à reculer. Carénage, réparation d’une voie d’eau et multiples travaux… Clément Muller est « en mode non-stop ». « On a attaqué tous les travaux intérieurs également pour passer d’un bateau habitable à un bateau de course. Il n’y a plus de rien, plus de toilette, plus de cloison, plus de four », liste-t-il, espérant passer son navire « sous les trois tonnes ». Avec l’espoir de performer en juin prochain. Bien plus qu’en simple « finisher ». « Si on a le budget (lire repères), je pense qu’on peut créer une surprise », conclut-il. Car, au fond, l’amour de la voile est toujours là.
Claire Gaveau