Revenue avant Noël pour un mois de vacances, Ariane Klotz (25 ans) est repartie en fin de week-end, direction la Métropole. Ses études (Etats-Unis puis Suisse) en génie civil achevées, la Calédonienne se lance dans une carrière de golfeuse professionnelle. A partir d’avril, l’ancienne licenciée à La Ouenghi (elle l’est désormais à Lyon) jouera sur le Let Access Series, la 2e division européenne. Son ambition : monter sur le Let (l’élite européenne), y briller, puis rejoindre le LPGA Tour (le circuit américain).
En décembre, au Maroc, vous avez tenté les cartes du circuit européen, sorte de qualifications. Comment cela s’est-il passé ?
Ariane Klotz : Il y avait d’abord des préqualifications, qui se sont très, très bien passées : trois tours en trois jours, j’ai fini 3e de mon parcours (sur environ 80 joueuses), en jouant -9, donc plutôt très contente de ce résultat, forcément. Ensuite, les qualifications, c’est cinq tours en cinq jours, avec un cut au bout de quatre tours où on garde les 60 premières, sur 160 au départ. Je fais +4, je finis 81e, je ne passe pas le cut. Les 20 premières à l’issue des cinq tours ont leur accès sur la 1re division. Moi, je serai sur la 2e division. J’ai échoué à atteindre la 1re division, qui était un peu l’objectif, mais après c’est tellement la loterie ce genre de tournoi sur une semaine… J’étais toute seule au Maroc, je n’avais pas de coach, pas de caddy, donc si c’est à refaire je sais que je ne l’approcherai pas de la même manière. Après, c’est une super expérience, j’ai appris plein de trucs, c’est un tournoi assez stressant mais j’y suis allée avec le sourire, parce qu’enfin je faisais ce que je voulais. Et puis, j’ai relativisé, j’avais moins de golf dans les pattes que toutes mes concurrentes.
Vous allez donc jouer sur le Let Access Series cette année. Quel est le programme?
A.K. : Il y a 17 tournois prévus. Le premier est en avril. J’ai pris la décision de commencer sur le Tour sud-africain. Je dois y faire quatre tournois. Le premier commence le 21 février. Les points que je vais marquer ne compteront pas pour ma saison sur le Tour européen, mais ça me permet de jouer. Attendre jusqu’en avril, ça me paraissait tellement long… Après, si je finis dans le top 20 sud-africain, je serai qualifiée pour faire des tournois du Let qui sont prévus en Afrique du Sud.
Comment monte-t-on durablement sur le Let ?
A.K. : A la fin de l’année, les 7 premières de l’ordre du mérite de Let Access Séries ont, pour la saison prochaine, un doit de jeu sur le Let. Et celles qui finissent entre la 8e et la 32e place accèdent directement aux qualifications, sans passer par les préqualifications.
Quels objectifs vous êtes-vous fixés ?
A.K. : A court terme, c’est de finir parmi les 7 premières du Let Access Séries. Si je pouvais y passer une seule année ce serait bien, parce que ce n’est vraiment pas là qu’on gagne sa vie, et il n’y a pas trop de notoriété parce qu’il n’y a pas de télé et tout ça. Donc monter sur le Let, y rester un ou deux ans, jouer un ou deux Majeurs pendant ces années-là, et après, à long terme, mon objectif c’est d’évoluer sur le LPGA et de jouer tous les Majeurs. Et à long, long terme, c’est une sélection pour les JO avec l’équipe de France, et une sélection pour jouer la Solheim Cup avec l’Europe.
Pensez-vous avoir les qualités pour percer dans le golf professionnel ?
A.K. : Oui, sinon je ne le ferai pas. Je n’y vais pas à demi-mesure, je crois vraiment en moi, c’est important déjà, et je suis rassurée parce qu’il y a des gens qui croient en moi aussi. Et puis, je suis assez bosseuse quand j’ai un objectif. J’adore m’entraîner et j’adore la compétition, donc je vais me donner les moyens et on verra. Le golf, c’est ma passion depuis toute petite : je peux en faire ma vie, c’est une chance incroyable… Ça t’emmène dans des endroits incroyables, tu es en plein air tout le temps… J’ai fait un stage en bureau et on va dire que ça me plait moins que le golf (rire).
LVDC : Quelles sont, selon vous, vos plus grandes qualités ? Et les points à travailler ?
A.K. : J’ai toujours eu une bonne frappe de balle, mon long jeu est très bon : généralement, mise en jeu et attaque de greens je ne rate pas beaucoup. Au niveau de la stratégie, aussi : en étant qu’(ancienne) élève de Jean-Louis (Guépy) je pense que je suis bien formée (rire). Et puis, le mental : le fait d’avoir joué en équipe, puisque j’ai fait deux fois les Jeux du Pacifique, j’ai joué aux Etats-Unis et avec Lyon on a été vice-championnes de France, ça m’a forgé le fait de ne rien lâcher, parce qu’en équipe tu n’as pas envie de décevoir, tu sais que chaque point compte. Ensuite, parmi les points à travailler, le principal c’est le putting.
Dans quel état d’esprit êtes-vous au moment de quitter la Calédonie ?
A.K. : J’ai extrêmement hâte de commencer la saison, de découvrir les parcours, les pays, de voir comment c’est la vie sur la route, de voir comment je m’en sors, de faire des rencontres aussi.
Propos recueillis par Anthony Fillet