Jardin de rêves

Une nouvelle œuvre orne maintenant l’un des murs du foyer de l’enfance de Dumbéa-sur-mer : il s’agit d’une fresque accompagnée de totems, le tout signé Alejandra Rinck Ramirez.

Cette fresque a été réalisée grâce au dispositif 1% artistique de la province Sud, qui destine 1% de la valeur d’un projet architectural à une œuvre d’art. « Au foyer de l’enfance, il y avait ce grand mur dans le jardin central, là où les enfants passent beaucoup de temps. Ça se prêtait parfaitement à une fresque murale », explique Alejandra Rinck Ramirez.

Adoucir un lieu chargé d’histoires de vies

Le foyer de l’enfance de Dumbéa-sur-Mer, inauguré en août 2022, accueille dans un esprit chaleureux et familial une dizaine d’adolescents confiés à la province Sud dans le cadre de mesures de protection de l’enfance. Pensé comme une maison, le bâtiment offre un cadre favorable à la reconstruction des jeunes, qui sont placés au cœur du dispositif. « C’est un lieu pour des enfants qui sont dans des situations très difficiles », explique l’artiste. L’idée, c’était de créer une œuvre que les enfants puissent s’approprier le temps de leur passage. Et c’est un pari réussi ! « Lors de la réception des totems, les enfants ont tout de suite accroché, et se sont répartis les totems selon leurs animaux préférés », nous précise Alejandra Rinck Ramirez.

Des projets à fort sens social

L’appel à projets contenait plusieurs contraintes : l’artiste devait créer cinquante totems, trouver un moyen de les intégrer à la fresque, et ce, de manière 100% sécuritaire. « Je ne pouvais pas, par exemple, laisser des vis apparentes, ou utiliser des éléments qui peuvent être coupants », complète Alejandra Rinck Ramirez. Ce n’est pas la première fois que l’artiste réalise une fresque : c’est elle qui se cache derrière celle située au Musée maritime, en hommage aux 126 disparus de « La Monique ». Ce genre de projets au sens social très fort l’interpelle tout particulièrement. « J’ai également fait la décoration du pôle mère-enfant au Médipôle, j’ai passé beaucoup de temps sur place à me renseigner sur les besoins techniques et humains de chaque service. Chaque projet est un nouveau défi ». Architecte de formation, Alejandra Rinck Ramirez a d’abord travaillé dans ce domaine avant de se tourner vers les arts visuels et plastiques. « Je prends chaque projet artistique comme un projet architectural », explique-t-elle. « J’ai en tête la contrainte de délai, la contrainte financière, la contrainte technique… »

Inspirée par le pays

Alejandra est d’origine chilienne, mais vit sur le territoire depuis 15 ans. « Je suis mariée avec un calédonien et j’ai trois petits calédoniens », nous dit-elle. « Mon enjeu, c’est de mettre en valeur le patrimoine naturel et culturel de la Nouvelle-Calédonie, car c’est le patrimoine de mes enfants. Je le fais dans toutes mes œuvres, que ce soit des livres pour enfants ou des fresques, c’est important pour moi en tant qu’artiste ». Sur la fresque et les totems, on retrouve donc différents éléments qui renvoient à la Nouvelle-Calédonie. Les totems sont ornés d’animaux locaux, mais également d’animaux qu’on ne retrouve pas forcément ici… « Je suis illustratrice pour des livres jeunesse, et j’ai remarqué que certains animaux fonctionnent avec certaines tranches d’âge », affirme-t-elle. « Par exemple, un enfant en bas âge accroche avec l’éléphant ou la girafe, alors qu’un adolescent va préférer un requin ou un cheval ». Côté fresque, « l’idée était de créer différents univers : la rivière, la mer, le ciel, les étoiles, le rêve… C’est très onirique, joyeux, mais dans une gamme chromatique douce », précise l’artiste.

La beauté sauvera le monde

« Le fait d’avoir passé beaucoup du temps à peindre la fresque avant de faire les totems m’a permis d’échanger avec les enfants et de voir leurs personnalités », souligne l’artiste. « Ils étaient très réceptifs, très curieux vis-à-vis de la fresque. J’ai beaucoup aimé faire ce projet ! Je trouve que c’est le type de travail où l’artiste trouve sa densité et son épaisseur par rapport à son rôle dans la société. On voit vraiment que le projet a une vocation qui va au-delà de son aspect esthétique, il tente d’améliorer le passage de ces enfants qui sont dans une situation compliquée. La fresque se nomme ” Jardin de rêves “, car je voulais donner une note d’optimisme à cet endroit, donner un peu d’espoir à ces enfants. Je crois profondément en la phrase de Dostoïevski, la beauté sauvera le monde ».

Kim Jandot

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