En octobre 2023, La province Nord a sorti un rapport faisant le bilan de la provincialisation, affichant notamment les évolutions entre 1989 et 2022. Il compte des statistiques intéressantes, même s’il y est mis en avant ce qui est considéré comme « ayant marché ».
Le 5ème chapitre traite du développement économique de la province. L’objectif était « d’accompagner le décollage économique de la province Nord » qui devait permettre « la création d’emplois par le salariat et par l’entreprenariat, lesquels favoriseraient à leur tour l’installation durable des populations […]. » La province Nord visait notamment « la diversification de son économie jusqu’alors essentiellement rurale et minière ». Est-ce une réussite ?
Quelques chiffres
Entre 1989 et 2019, la population active de la province Nord a augmenté de 87%, et le nombre d’actif occupés a augmenté de 73%. Le sommet a été observé en 2014 avec plus de 18 000 personnes actives et occupées. Néanmoins, cette croissance n’est pas homogène sur l’ensemble du territoire puisqu’elle a été supérieure dans les espaces de l’Ouest (Poya, Voh, Koné, Pouembout), en comparaison avec le Grand Nord (Kaala-Gomen, Koumac, Poum, Bélep, Pouébo, Ouegoa), la Côte Océanienne (Hienghène, Touho, Poindimié, Ponérihouen) et le Sud Minier (Houailou, Kouaoua, Canala). Le nombre d’entreprises répertoriées a été multiplié par cinq depuis 1989.
Une économie qui s’est diversifiée
Le secteur de l’agriculture a été le plus grand bénéficiaire des aides provinciales : 61% des projets agréés au titre du code de développement (CODEV) sont des projets agricoles, dont les trois quarts pour des productions végétales. En plus de dispositifs d’accompagnement, la collectivité a mis en œuvre des actions pour la maîtrise de l’eau : le premier code de l’hydraulique agricole a été adopté en 1994. Les productions rurales marchandes (agriculture, aquaculture et bois) ont significativement augmenté, passant de moins d’un milliard annuellement en 1990, à 3,5 milliards en 2021. On observe aussi une diversification de la production agricole. Au niveau de l’aquaculture, alors qu’aucune ferme de crevettes n’était implantée en province Nord en 1990, il y en a maintenant cinq, accompagnées d’une écloserie et d’une usine de traitement. Côté mine, le volume de minerai extrait est passé de 4,5 millions de tonnes en 1990 à 10 millions de tonne en 2020. Jusqu’à l’ouverture de l’usine du Sud en 2007, 85% de la production calédonienne était issue de la province Nord, contre 60% aujourd’hui. La province Nord a également développé l’offre touristique, avec le premier schéma d’organisation du tourisme en 1996. Trois « grands hôtels » ont été construits, le Malabou Beach (Poum), le Koulnoué Village (Hienghène), puis le Tiéti Téra (Poindimié). La province a créé le GIE Tourisme province Nord en 2002 et a conduit plusieurs campagnes touristiques.
Une diminution de l’écart de richesse
Le développement économique a permis d’augmenter les revenus monétaires de la population. En 2020, le niveau de vie mensuel médian d’un habitant de la province Nord est de 142 000 frs, soit 19% de moins que la moyenne calédonienne à 175 900 frs. Cet écart était de 45% en 1991, ce qui montre une amélioration.
Kim Jandot