C’est une image qui est très rare, hier matin, plusieurs Maires et leurs adjoints ont manifesté devant le Congrès de la Nouvelle-Calédonie. Une manifestation alors que les élus de la commission de la réglementation économique et fiscale et de la commission en charge notamment de l’énergie examinaient le texte visant à « sauver » Enercal.
C’est une soixantaine de personnes, dont les maires de Nouméa (Sonia Lagarde), de Dumbéa (Yoann Lecourieux), du Mont-Dore (Eddie Lecourieux), de Païta (Willy Gatuhau), de La Foa (Florence Rolland), de Boulouparis (Pascal Vittori) et de Bourail (Patrick Robelin) tous avec leurs écharpes tricolores, qui ont montré leur mécontentement, mais aussi leur très vive inquiétude sur ce texte déposé sur le bureau du Congrès à la veille du long week-end du Nouvel An et qui, dans son article 3, indique que « le Congrès sollicite du gouvernement de la Nouvelle-Calédonie (…) par voie d’arrêté dès le premier trimestre de l’année 2024 (…) un abaissement du taux plafond utilisé pour déterminer la part des redevances communales prise en charge par le système électrique et la réduction de 5% du forfait de rémunération perçu par les gestionnaires de réseaux de distribution au titre de leurs charges d’exploitation ». Un article 3, qui priverait donc les communes de ressources financières considérables, perçues au titre de la redevance communale que l’on retrouve sur nos factures d’électricité. « On vient toucher aux redevances et des contrats que nous avons passés avec les concessionnaires, expliquaient hier matin devant le Congrès Sonia Lagarde, maire de Nouméa et présidente de l’Association Française des Maires de Nouvelle-Calédonie (AFM). Il y en a pour plusieurs centaines de millions de francs, pour la commune de Nouméa cela représente 555 millions de francs, pour le Mont-Dore et Dumbéa cela représente plus de 90 millions pour chacune. On ne peut pas venir comme ça, chercher de l’argent dans les communes sans concertation, les communes sont à bout de souffle ». Après quelques minutes de discussions, c’est une délégation composée des sept maires présents qui a été reçue par la commission.
Le dialogue n’est pas rompu
Pendant près de 45 minutes, les édiles ont pu s’exprimer franchement et à leur sortie c’est Sonia Lagarde qui s’est exprimée au nom des membres de la délégation. « Nous avons été écoutés, mais nous a-t-on vraiment entendus ? s’est interrogé le maire de Nouméa. Il y a une proposition qui a été faite de créer une commission spéciale. Pourquoi pas ? Peut-être que les maires seraient enfin entendus ». Sonia Lagarde qui avec ses collègues maires et devant une soixantaine de leurs adjoints et conseillers municipaux réunis devant le Congrès à souhaiter tenir un langage de vérité. « Quand vous êtes à la tête d’une collectivité, quand vous êtes à la tête d’une société et que vous en arrivez à la situation d’Enercal, la moindre des choses, la première des choses c’est de montrer que vous êtes capable de faire des économies en interne. Mais là, nous n’avons aucun signe aujourd’hui d’économie possible à Enercal. Le commencement du commencement, c’est au moins qu’il y ait des efforts qui soient faits avant d’aller demander aux autres de payer, alors que les communes n’y sont absolument pour rien. Le désastre est là aujourd’hui. Les dépenses internes de la société doivent aussi être mises sur la table. C’est peut-être un peu clivant, mais c’est la réalité », a conclu Sonia Lagarde.
Lionel Sabot