Le ministre de l’Économie et des Finances a rappelé, hier matin lors d’un passage à la SLN, son angle d’attaque pour sauver le nickel calédonien.
« Une usine ça doit tourner, ça doit dégager des bénéfices, qui doivent permettre de faire vivre ses salariés, de faire vivre ses ouvriers, de faire vivre ses ingénieurs », s’est exprimé le ministre devant des syndicalistes du SGTINC-CGC, qui lui ont remis un courrier détaillant leurs inquiétudes pour l’avenir et leurs regrets de ne pas être associés aux discussions. « Des solutions, il y en a, j’en ai mis sur la table. La première solution, c’est d’injecter du cash (…) Si vous voulez que les industriels continuent à investir, il faut régler cette question de cash immédiat dont les usines, en particulier la SLN, ont besoin pour tourner. La solution est toute trouvée : vous avez du minerai qui n’est pas exploité (…) Je demande à ce que l’on puisse exploiter et exporter ce minerai », a expliqué Bruno Le Maire, pragmatique. « Quand on voit la situation critique des usines, on va chercher la ressource qui dort, on l’exporte et à partir de là on retrouve des marges de manœuvre financière : c’est la première étape, celle pour laquelle je me bats. »
« Je dis les choses en face »
Deuxième pilier du nouveau pacte pour le nickel calédonien qui devra, selon le ministre, être signé au début d’année prochaine, pas plus : la subvention de l’énergie. « Je suis un homme de vérité, je dis les choses en face : votre énergie ne sera pas rentable tout de suite, notamment par rapport à l’Indonésie. Vous aurez besoin de subventions. Moi, ces subventions, je suis prêt à les apporter » en attendant la construction de « la nouvelle exploitation énergétique » et la mise en place de « nouveaux réseaux » et de « nouvelles sources d’énergie ». Mais attention, prévient Bruno Le Maire, cet effort financier « je ne le ferai qu’à condition que sur l’exploitation du minerai j’obtienne une réponse positive ». Si tel est le cas « et qu’il faut vous accompagner pendant deux ans, trois ans, cinq ans, six ans, sept ans, sur l’énergie pour que ce soit plus rentable d’un point de vue industriel, je le ferai ».
Arrive ensuite le troisième point : « diversifier » les débouchés pour le nickel calédonien, « voir comment on peut dépendre un peu moins de l’Asie », en l’occurrence « de la Chine, du Japon et de la Corée du Sud, et se réorienter vers des marchés qui sont très prometteurs comme le marché européen. Là aussi, je suis prêt à vous donner » la main. Mais « il y a une seule chose que je ne ferai pas », souligne le numéro 3 du gouvernement, « c’est de subventionner des usines à perte, parce que l’État n’en a pas les moyens : chacun voit bien la situation des finances publiques françaises, elle est difficile, je suis là pour rétablir ces finances publiques, personne ne comprendrait que le ministre des finances dépense des centaines de millions d’euros pour des usines qui fonctionnent à perte, ça n’aurait aucun sens ».
« Je compte sur vous »
En conclusion, « le nickel est un atout considérable pour la Nouvelle-Calédonie ». Dans ce dossier, « nous pouvons, et j’en suis convaincu, dégager de la rentabilité, nous pouvons avoir des usines qui tournent en étant rentables ». Avant de les quitter pour partir en réunion, Bruno Le Maire a assuré aux syndicalistes (il en a finalement invité trois d’entre eux à la réunion) qu’il « pense aux ouvriers », qu’il « pense aux salariés, qui sont inquiets ». L’avenir de la SLN, et celui des deux autres usines (Sud et Nord), « se joue dans les semaines qui viennent, parce qu’on n’a pas beaucoup de temps » étant donné la gravité de la situation économique. « Moi, je compte sur vous, je compte sur votre soutien, pour dire aussi les choses avec beaucoup de clarté et nous permettre de redresser la situation. En tout cas, comptez sur mon engagement total. Et, s’il faut revenir en Nouvelle-Calédonie pour signer définitivement un accord global, je le ferai avec grand plaisir. »
Anthony Fillet