Un Calédonien en garde à vue pour apologie du terrorisme

Un jeune homme, fiché S, a été entendu dans les locaux de la Section de recherches de la gendarmerie après avoir diffusé plusieurs messages sur les réseaux sociaux en lien avec le conflit israélo-palestinien, vantant notamment le Hamas.

Suivi de longue date par les services de renseignement, il était surveillé de près depuis quelques jours. D’après nos informations, une enquête pour apologie du terrorisme, en lien avec le conflit israélo-palestinien, a été récemment ouverte par le parquet de Nouméa, ce qui constituerait une première en Nouvelle-Calédonie depuis l’attaque terroriste du Hamas sur le sol israélien du 7 octobre dernier. Les gendarmes ont, en effet, procédé au placement en garde à vue d’un Calédonien âgé d’une vingtaine d’années, mardi, dans le cadre de ce dossier particulièrement sensible au regard du contexte international.

Ce jeune homme, originaire d’Ouvéa, s’est vu notifier cette mesure privative de liberté dans les locaux de la Section de recherches, à la caserne Meunier (Nouméa), afin d’être interrogé sur la publication de récents messages radicaux et menaçants sur les réseaux sociaux qui expriment de manière plus ou moins claire son approbation, voire même son soutien, aux attaques du Hamas. Cet ancien militaire, qui fait l’objet d’une fiche S (pour sûreté de l’État) émise par la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) après son renvoi de l’armée française pour des soupçons de radicalisation islamiste, a partagé on « soutien au Hamas » et « au peuple frère palestinien », vantant également la « mort » des « israéliens » et du « sionisme » ainsi que de « l’Occident » ».

Des injures visant Sonia Backès et Christopher Gygès

Outre les réseaux sociaux, le suspect aurait aussi brandit un drapeau palestinien, au côté de celui du FLNKS (Front de libération nationale kanak et socialiste), sur le pont de l’échangeur des Érudits, à côté du Médipôle (Dumbéa), pour être vu du plus grand nombre d’automobilistes.

Suivi de longue date par les services de renseignement pour son activisme pro-indépendantiste, ce jeune avait notamment fait parler de lui trois ans plus tôt puisqu’il avait reconnu avoir incendié la bâche bleu-blanc-rouge recouvrant la façade de la province Sud dans le cadre des célébrations de la fête nationale du 14-Juillet, provoquant l’indignation des élus loyalistes. Il avait été arrêté quelques jours plus tard par la police nationale avant d’être présenté en comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité (CRPC) au cours de laquelle il avait accepté la peine de douze mois de prison dont la moitié avec sursis probatoire.

Ironie du sort, il devait comparaître devant le tribunal correctionnel de Nouméa – siégeant à juge unique – jeudi matin dans le cadre de poursuites pour « outrage à une personne dépositaire de l’autorité publique » entre le 22 et le 29 avril dernier, visant la présidente de la province Sud Sonia Backès et le membre du gouvernement Christopher Gygès. Il lui est principalement reproché des messages insultants, toujours diffusés sur les réseaux sociaux, à l’encontre de ces deux personnalités politiques non-indépendantistes. A l’audience jeudi matin, la présidente et le procureur de la République n’ont pu que constater le renvoi de ce dossier car le prévenu était toujours entendu… en garde à vue.

Un délit puni de sept ans de prison

Après un peu moins de 48 heures d’audition, le suspect a été relâché des locaux de la gendarmerie en attendant la suite des investigations, notamment sur son matériel informatique, sans qu’aucune charge ne pèse sur lui pour l’instant. Désormais sous la menace de poursuites judiciaires, il pourrait risquer une lourde peine de prison. Car le parquet de Nouméa va devoir prendre une décision : soit un classement sans suite de l’enquête, soit le renvoi du suspect devant une juridiction pénale avec une qualification qui peut être celle de l’apologie du terrorisme ou bien encore la provocation au terrorisme ou la provocation à la haine.

Compte tenu d’une crainte de la montée des tensions sur le sol français, le ministre de la Justice, Eric Dupond-Moretti, a transmis une circulaire aux parquets, le 10 octobre dernier, pour demander une « réponse pénale ferme et rapide », notamment par le biais de la comparution immédiate, d’après les informations du quotidien Le Monde. Le garde des Sceaux a également fait preuve de fermeté en rappelant que « les propos vantant les attaques, en les présentant comme une légitime résistance à Israël » et la « diffusion publique de messages incitant à porter un jugement favorable sur le Hamas ou le Jihad islamique » peuvent être constitutifs d’apologie du terrorisme. Ce délit est puni de cinq ans de prison et la sanction peut être portée à sept ans si les faits sont commis sur internet.

Jean-Alexis Gallien-Lamarche

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