En Nouvelle-Calédonie, il y a un signe qui ne trompe pas qu’il se trame quelque chose, c’est la ruée des automobilistes sur les stations-services. On s’y précipite parce que l’on a entendu dire que les dépôts d’essence seraient bloqués (très souvent par les rouleurs) et que ces blocages allaient durer. Alors, parfois c’est vrai et ça embête bien les automobilistes, mais très souvent, ça ne tient que de la rumeur, « parce que quelqu’un de bien placé, m’a dit que les rouleurs allaient descendre sur Nouméa et que tout serait bloqué. » Alors évidemment, face à l’assaut soudain de dizaines, de centaines de voitures et de véhicules divers, les cuves des stations-service finissent par se vider et le temps qu’elles soient toutes rechargées, cela créé en effet de la pénurie. Les stations prises d’assaut tiennent du rituel social et sociologique calédonien, l’idée qu’il faut se prévenir, mais aussi l’expression de l’inquiétude du quotidien. Et plus généralement, l’idée qu’en Nouvelle-Calédonie tout est assez instable et que tout peut arriver. Cette façon de faire est assez significative, il ne faut pas s’en moquer. La crainte des peuples est chose importante, qu’elle soit ou non avérée et raisonnable.