Le muguet, fleur traditionnellement offerte pour le 1er mai, risque d’être difficile à trouver dans les boutiques cette année. En cause, un problème d’approvisionnement. Explications.
Hier matin, plusieurs fleuristes ont reçu un appel de leur fournisseur qui leur a annoncé qu’ils n’allaient pas recevoir de muguet cette année. C’est le cas pour Mireille Lévy, fleuriste de la boutique Angarek. Selon elle, le muguet qui allait quitter l’aéroport de Roissy-CDG pour remplir les étals, à l’aube de ce 1er mai, n’a finalement jamais quitté la France. « Il y avait des préférences de fret, donc le muguet est resté sur le tarmac », regrette-t-elle.
Contacté par La Voix du Caillou, l’importateur habituel de nombreux fleuristes confirme ce problème de fret aérien. Selon lui, l’avion transportant le muguet devait quitter Paris autour de 22 heures. Mais, à 22h15, il a finalement reçu un message : « Désolé, le muguet n’arrive pas. Il n’a pas été chargé et on ne sait pas pourquoi ». Frustré par cette annulation de dernière minute, il tente aujourd’hui d’obtenir davantage d’explications auprès de son transitaire. Sans succès à l’heure actuelle.
Pour faire face à cet imprévu, et ainsi répondre à la tradition, Mireille Lévy a tout de même trouvé une solution. « Cela fait du manque à gagner, évidemment, mais on a du très beau muguet artificiel que l’on met avec nos fleurs. Il y a pas mal de clients qui comprennent et qui viennent quand même en acheter », rassure-t-elle.
Certains fleuristes préfèrent anticiper
La boutique Happy Flower, qui importe ses propres fleurs, fait partie des rares boutiques qui ont reçu du muguet. Familier avec les aléas du fret en Nouvelle-Calédonie, la gérante de la boutique a pris ses précautions. Comme à son habitude. C’est pourquoi elle commande toujours ses brins en avance, ce qui lui a permis d’en avoir en stock dès vendredi dernier. Un choix assumé mais qui n’est pas partagé par tous les professionnels étant donné que c’est une fleur fragile et sensible à la chaleur. Ainsi, certains préfèrent ne pas en commander tôt, par peur qu’elles se dégradent.
Une production locale aux oubliettes
Il y a quelques années, Pierre Lévy, l’époux de Mireille Lévy, était le seul producteur local de muguet sur le territoire. Désormais à la retraite, il n’existe plus de producteurs et les fleuristes sont contraints d’importer, à des coûts forcément plus élevés. Selon Mireille Lévy, la production locale de muguet est très difficile parce que les producteurs doivent respecter des conditions spécifiques, comme le fait de garder les fleurs à une certaine température. Un savoir-faire particulier que tout le monde ne maîtrise pas. Et puis aujourd’hui, avec le contexte économique que tout le monde connaît en raison de la crise insurrectionnelle du mois de mai dernier, rares sont ceux qui veulent se risquer à se lancer dans une entreprise aussi compliquée.
Sara Durand